Voilà, votre enfant est au camp, sans vous, sans cellulaire, sans ordinateur, sans iPad, sans connexion, bref, le détachement total.  Mais comment fait-on pour communiquer avec notre enfant sur le camp?

Quand j’étais campeuse, c’était des lettres envoyées par la poste que l’on recevait (si la poste allait assez vite!) pendant notre séjour. Parfois une ou deux lettres d’une page ou deux. Mais voilà que les camps ont dû emboîter le pas vers les nouvelles technologies et en prenant le virage, accepter d’imprimer des courriels envoyés aux enfants.  Voilà qu’au lieu de recevoir une ou deux lettres des parents et peut-être une des grands-parents, les enfants se sont mis à recevoir plusieurs courriels de trois lignes par jour. Vous n’imaginez pas le travail des secrétaires qui doivent imprimer plus d’une centaine de courriels par jour, en gardant l’œil ouvert pour ne pas imprimer les courriels contenant huit photos du chien familial, sans compter les lettres en pièce jointe à ouvrir et imprimer individuellement. Elles ont besoin de huit bras pour vous mettre en contact avec vos enfants!  Et que disons-nous à nos enfants dans ces courriels. Un ou deux petits mots d’encouragement, une anecdote qui s’est produite avec le chat la veille.

Mais où sont les lettres bien consistantes où le parent prenait plus que deux minutes pour envoyer un courriel sur son cellulaire entre deux réunions?  En plus cette nouvelle façon de faire met une pression sur les parents qui se sentent mal à l’aise de ne rien écrire une journée ou qui ont peur que leur enfant soit le seul à ne rien recevoir.

Est-ce que les enfants ont besoin de recevoir un courriel par jour pour lui rappeler que nous, parents, sommes loin et en train de vivre complètement autre chose?  Peut-être que de ne pas avoir de nouvelles des parents pendant quelques jours, c’est une bonne chose?  Peut-être que si nous, parent, écrivions deux ou trois lettres ou même deux courriels, ceux-ci seraient plus intéressants à lire. Entre nous, je vous le dis, trop de courriels, ce n’est comme pas assez. Certains enfants ne lisent même plus les courriels quotidiens après quelques jours.  Et que fait-on avec nos petits qui ne savent pas lire?  Et que fait-on de cette petite touche manuscrite qui fait plus personnel?

Je vous laisse donc quelques-uns de mes petits trucs de maman de trois campeurs qui ont commencé leurs séjours à l’âge de 4 et 5 ans.

Pourquoi ne pas préparer quelques lettres à l’avance, bien identifiées au nom de l’enfant et avec la date à laquelle nous voulons la remettre?  Profitons-en pour être originaux. En faisant des recherches, le papa et moi avons trouvé l’idée d’écrire un « je t’aime » sur un ballon que nous avons glissé dans une enveloppe.  Les enfants ont adoré gonfler le ballon pour découvrir le mot et le placer au bout de leur lit. Pour ma plus jeune, qui ne sait pas lire, nous avons fait des dessins de princesses en canot, accompagnés d’un petit mot d’encouragement et collé quelques collants qui brillent. Pour les plus vieux, nous avons écrit des lettres disant que nous étions fiers d’eux et de ce qu’ils accomplissaient au camp.  Nous leur avons mentionné combien ils étaient importants pour nous et que nous avions hâte qu’ils nous racontent leurs aventures et les défis qu’ils avaient relevés pendant leur séjour.  Dans tous les cas, il faut éviter de leur dire que nous nous ennuyons, il faut axer les messages sur la réussite de leur séjour. Pour les ados, ceux partent plus longtemps, ceux qui quittent parfois la civilisation en expédition, des coupures de journaux avec des nouvelles de l’actualité qui pourraient les intéresser sont toujours un gros succès. En plus, on peut partir le feu avec le soir venu.

L’idée pourrait aussi vous venir de laisser ou envoyer un petit colis à votre campeur.  C’est toujours un succès, par contre, quelques mises en garde importantes.  Il faut absolument éviter la nourriture, d’abord pour des raisons de sécurité pour les gens vivant avec des restrictions alimentaires mais aussi pour éviter d’avoir la visite de petits animaux dans nos endroits de logement.  Mais pourquoi ne pas emballer un petit livre ou un cahier de mots cachés.

Je vous lance le défi de voir la communication autrement qu’au bout des touches de notre clavier de cellulaire.  Sortons papiers, crayons, ciseaux et colle et prenons le temps d’écrire à nos enfants.  Et surtout, n’attendez rien en retour, ce n’est pas contre vous, mais ils ont bien d’autres choses à faire!  Parfois, je reçois une lettre écrite bien vite la première journée, une lettre qui ne dit rien finalement!  Mais je leur laisse tout de même des enveloppes avec l’adresse de la maison ou celle des grands-parents déjà écrites.  Je leur laisse des timbres qu’ils pourront coller s’ils ont le goût d’écrire.  Je leur laisse aussi des feuilles ou un cahier de notes si jamais ils ne veulent seulement qu’écrire leur aventure qu’ils pourront nous lire au retour à la maison.

Finalement, rappelez-vous que la qualité passe largement avant la quantité.  Pour vous consoler, rappelez-vous que vous vous ennuyez probablement plus de vos enfants qu’eux s’ennuient de la maison!

Quand je me mets à la place d’un parent qui inscrit son enfant pour la première fois dans un camp, j’avoue que je comprends la petite panique devant la préparation des bagages. La liste de bagages semble longue est un peu complexe. Je ne dois rien oublier. J’en mets plus ou j’en mets moins? Je le fais avec mon enfant ou sans mon enfant? Je vais magasiner à quel endroit? Beaucoup de choses à penser avant le jour J. Je vous soumets mes quelques trucs et astuces appris au fil du temps. Maman de trois campeurs inscrits pour une 6e année, l’épopée des bagages fait partie de l’agenda familial. Je me prévois au moins une demie journée, un espace bien dégagé pour m’étendre et un bon café chaud.

Première étape, avoir la bonne liste en main, celle fournie par le camp et adaptée au programme dans lequel votre enfant est inscrit. De mon côté, j’imprime une liste par enfant, même s’il s’agit de la même liste, pour noter ce que je mets pour chaque enfant et donc, avoir une liste me permettant de valider s’il me manque des choses au retour du camp. Il est bon et même préférable, d’intégrer l’enfant au processus. Il pourra vous aider en cochant la liste ou en allant chercher lui-même les articles.  L’objectif en l’intégrant est surtout de le responsabiliser face à ses équipements et pour que l’enfant sache ce qu’il a dans ses bagages.  Il aura, tout au long du séjour à choisir ses vêtements, à refaire ses bagages et surtout à s’assurer de bien avoir tous ses biens avec lui.  Il est donc important qu’il connaisse le contenu de ses valises!

Deuxième étape, je libère de l’espace dans une pièce pour pouvoir étendre le contenu et tout valider avant de mettre dans la valise.  Parlant de valise, que devons-nous prendre comme valise? Gros sac, plusieurs petits sacs, roulettes, pas de roulette, sac à dos, etc.  Idéalement, il faut limiter le nombre de valises et prévoir quelque chose qui n’encombrera pas trop l’espace dans le dortoir.  Une grosse poche qui se plie ou une valise rigide d’un format raisonnable qui se glisseront bien sous le lit.  L’enfant aura certainement besoin d’un sac à dos pour l’expédition, remplissez-le de bagages lui aussi.  Vous pouvez aussi utiliser des bacs en plastique qui pourraient, eux aussi, se glisser sous le lit ou se ranger sur des tablettes.  Pour ma part, je prévois aussi des petits paniers vendus dans les magasins à rabais pour mettre par exemple, les sous-vêtements, les articles de camping, etc.

Troisièmement, avant de commencer le processus de bagages, je m’assure d’avoir en main un crayon marqueur indélébile et des étiquettes à coller avec le nom des enfants et le numéro de téléphone (le numéro de téléphone est facultatif, mais il aide à retrouver les propriétaires).  Rien n’est mis dans les bagages sans avoir été bien identifié.  Je choisis aussi les vêtements plus usés et les vieilles serviettes, bref, les articles qu’il ne nous fera pas trop de peine de revoir avec un nouveau trou, une tâche ou qu’on ne retrouve plus.  Personnellement, le nom des enfants est écrit au marqueur directement sur les serviettes, les débarbouillettes et même l’oreiller la taie d’oreiller et le drap contour! J’écris aussi au marqueur le nom des enfants dans chacune des chaussures et bottes. Je n’oublie pas d’identifier l’enveloppe du sac de couchage, le tube pâte dentifrice, le pot de crème solaire, la lampe de poche, les valises et bacs que les enfants auront avec eux, etc. On peut identifier le sac de couchage en attachant une corde avec un petit carton plastifié indiquant le nom de l’enfant et utiliser une étiquette à bagages de voyage pour les valises, sac à dos et même la trousse de toilette.

Quatrièmement, où trouver ce qu’il nous manque? Avant d’investir des grosses sommes dans l’achat de matériel, questionnez-vous.  Est-ce que mon enfant retournera au camp dans les prochaines années? Est-ce que d’autres enfants de la famille suivront? Est-ce que des gens de mon entourage peuvent me prêter de l’équipement? Vous pouvez aussi questionner le camp sur le choix de matériel à privilégier pour mon enfant. Regardez s’il est possible de trouver des alternatives à la maison avant d’aller en acheter. Par exemple pour le camping, un bol en plastique ou un plat en plastique refermable style « lock and lock » fait vraiment l’affaire. Un verre en plastique que nous avons dans l’armoire aussi peut être parfait. Vous pouvez prendre des ustensiles de la maison, mais s’ils ne reviennent pas, c’est un peu embêtant (pour la coutellerie de la maison).  Il se vend, dans les boutiques de plein air, des ustensiles en plastique conçus pour ça à moins de 5$. L’enfant n’aura pas à cuisiner avec son propre matériel, il a surtout besoin de ce qu’il faut pour manger. Un tapis de sol bleu en mousse est parfait pour les nuits de camping.  Il est léger et simple à manipuler pour l’enfant et on peut écrire le nom directement dessus au marqueur. Les matelas autogonflants nécessitent un certain investissement et les enfants ont beaucoup de difficulté à le ranger correctement. Regardez du côté des magasins à rayons, le tapis de sol devrait vous coûter autour de 25$. Pour le choix du sac à dos, il est important que l’enfant soit équipé convenablement.  Donc, il faut que le sac soit choisi en fonction de sa taille et de son poids.  Il faut que le harnais du sac soit ajustable pour s’assurer qu’il ne se blesse pas et qu’il soit confortable. Certains camps ou boutiques de plein air font la location des sacs. Vous pouvez aussi fouiller sur les petites annonces en ayant en main les détails de ce que vous cherchez. N’hésitez pas à vous faire conseiller. Il faut aussi que l’enfant soit bien chaussé. Une bonne paire d’espadrilles ou des bottes de marche sont importantes à prévoir.  Idéalement, il faut que l’enfant ait dans ses bagages au moins deux paires d’espadrilles. Les bottes de pluie sont essentielles et si l’enfant souhaite porter des sandales, prioriser les sandales à bout fermé et avec un bon maintien pour limiter les risques de blessures. Finalement, l’imperméable est un essentiel à ne pas négliger. Idéalement, un imperméable en deux pièces soit un manteau et un pantalon. Pour les plus jeunes qui grandissent trop vite, des ensembles sont disponibles dans les magasins de vêtements pour la famille ou les magasins à rayons à environ 20$. Par contre, il faut penser qu’un imperméable de bonne qualité est essentiel pour le confort des enfants en cas de pluie et que l’investissement peut en valoir la chandelle puisqu’il pourrait être porté au camp, en vacances, à la maison et même à l’école! Une expédition représente déjà un bon défi, mais une expédition sous la pluie avec le mauvais équipement peut vraiment paraître long.

Finalement, ce n’est pas parce que l’enfant quitte la maison qu’il ne peut pas apporter sa doudou ou son toutou préféré.  N’encombrez pas trop les bagages, mais il est normal que l’enfant veuille apporter un toutou.  Il servira de réconfort au moment du dodo. Vous pouvez aussi préparer un petit montage photo de la famille qui pourra être installé à la tête du lit. Vous pouvez inclure des surprises dans les bagages ou prévoir des colis ou lettres surprises à laisser à l’accueil du camp pour une distribution pendant le séjour. Assurez-vous de bien identifier le tout et d’indiquer la date de livraison. Éviter les surprises alimentaires pour la sécurité des gens vivant avec des restrictions alimentaires et pour éviter d’avoir la visite de petits animaux dans les endroits de logement.

N’hésitez jamais à contacter le camp si vous avez des questions ou si vous avez besoin de conseil.

Maintenant que les bagages sont faits, il vous restera de tenter de profiter de ces petites vacances pendant que vos enfants rempliront leurs bagages de confiance en soi, d’amitiés, de nouveaux apprentissages, de rires et d’histoires!

 

Si la nature nous sème quelques doutes quant à l’approche de l’été, nos camps savent très bien que les activités reprendront sous peu! Comme à notre habitude, nous accueillerons nos premiers campeurs d’ici quelques jours mais, cette année, nous serons de tout cœur avec une grande de nos camps. Je vous invite à lire ces quelques lignes.

LA DIDI 

Julie Côté Cyr est membre du personnel à Minogami depuis 2006. L’été 2018 sera son dernier en tant que directrice, un poste qu’elle occupe depuis 2015.
Julie le dit elle-même : le camp a changé sa vie. Pour l’avoir entendu le raconter, c’est avec un brin de nostalgie et une touche de fierté qu’elle parle de son premier été à Minogami en 2003 : l’été où elle a appris à s’ouvrir, à se faire confiance. De là est né l’amour indéniable que Julie a pour le camp et qui l’a mené à en être la directrice.

J’ai connu Julie lors de mon premier été comme membre du personnel en 2011. J’étais aux instrus et elle était notre animatrice. J’y repense et je reconnais en elle la passion qui la motive à mener ses idées à terme et le souci de faire au mieux pour les campeurs. Pour nous tous, le camp aura toujours été bien plus qu’un travail; c’est une histoire de cœur, une histoire d’identité et cela, Julie l’incarne bien.

C’est au cours de l’été 2015 qu’elle accepte de relever le défi de taille qu’est la direction du camp Minogami. De grands projets s’annonçaient alors, comme celui de la construction de la nouvelle cafétéria, le développement important du volet expédition et la vague de changement et de conscientisation face aux enjeux autochtones. Pour elle, le camp a une immense valeur éducative auprès des jeunes. Elle nous a transmis le souci d’agir en modèle et de faire preuve de sensibilité dans nos paroles et nos actions auprès de nos campeurs.

Le camp a beaucoup évolué dans les dernières années et il est clair que la fougue de Julie a quelque chose à y voir. À travers tous ces projets, elle s’est faite gardienne de l’âme de Minogami (avec un grand M) et je crois qu’il s’agit là de l’un de ses plus grands accomplissements.

Florence Bouvet-Bouchard

Bien que Julie quitte son poste de directrice du camp Minogami à la fin de l’été 2018 pour suivre un nouveau chemin, elle restera présente dans la tête et le cœur de plusieurs personnes l’ayant côtoyé toutes ces années. Julie a certainement préservé l’âme de Mino et a su la partager à tous ceux et celles qui auront eu la chance de passer par Minogami ces dernières années! Bravo à toi Julie! Je te souhaite un été mémorable tel que tu les connais. Merci pour ton dévouement, ton dynamisme hors du commun et ta passion pour nos camps! Cela étant dit, ce n’est pas encore fini! Ton équipe et toi serez certainement au rendez-vous pour faire vivre cette grande aventure aux campeurs et campeuses qui seront parmi vous l’été prochain!

 Pour les curieux, nous débuterons nos recherches sous peu pour trouver la prochaine direction du camp Minogami. Suivez nos réseaux sociaux et faites circuler la nouvelle! Mais pour l’instant, je vous invite plutôt à nous laisser un petit mot pour notre grande directrice! Et, si jamais vous croisez Julie sur le site du camp cet été… n’hésitez pas à lui dire merci!

 

Merci Julie!

Gabriel Bigaouette

Après avoir passé 6 étés à Minogami, j’ai suffisamment de bonnes histoires en mémoire pour en faire un petit recueil. Cependant, si on me demande de raconter l’aventure la plus folle que j’ai vécue, un épisode bien spécial me vient immédiatement en tête. Le voici!

C’était en 2015. J’étais alors moniteur-pionnier sur le trajet « Matawin-Vermillon ». La première moitié de l’expédition s’était passée sans pépins, si bien que nous avions atteint notre site de ravitaillement un jour à l’avance. Ne voulant pas perdre cette journée inutilement, j’avais eu l’idée d’aller faire quelques travaux de défrichage en prévision de la suite.

En effet, la journée suivant le ravitaillement comportait cinq différents portages. Ces derniers étaient réputés pour être difficiles. Ainsi, je souhaitais couper quelques branches particulièrement nuisibles à l’aide de ma hache. Ça nous serait utile, de même qu’aux autres groupes qui passeraient plus tard.

J’en avais donc parlé à mon coéquipier (le légendaire Florent Deschênes) et nous avions décidé que j’irais faire le bucheron avec deux campeurs. Évidemment, la majorité des gars préféraient prendre une journée de repos sur la plage du Lac Cousacouta plutôt qu’aller débroussailler des sentiers de portage. Malgré tout, deux volontaires s’étaient levés : Marc-Olivier Derouin et Arthur Genest-Ouellet. (Encore merci les boys!)

Nous étions partis au petit matin et toute la journée nous avions vaillamment défriché les sentiers. Vers 3 h de l’après-midi, nous étions exténués : il était temps de rentrer. On fit donc demi-tour et on commença à remonter la rivière. C’est ici que survient l’incroyable évènement!

Sorti de nulle part, un hélicoptère vint survoler la rivière à quelques mètres à peine de notre canot, créant des vagues circulaires à la surface de l’eau. Puis, effectuant un virage à 180 degrés, l’engin se posa dans les herbes hautes sur le rivage.

Qu’est-ce que se passait? Que nous voulaient ces gens? Étaient-ils là pour nous porter assistance? Intrigué, je dis aux gars qu’on devait aller voir ça de plus prêt.

* Ça, c’est ÉPIQUE, répondit Marc-Olivier les yeux ronds.

Après, avoir rejoint la rive, on sortit du canot et on s’avança vers les inconnus qui sortaient tranquillement du matériel de l’hélico. Ils nous regardaient avec les mêmes yeux étranges que les nôtres, l’air de se dire : « qu’est-ce que vous faites ici » ? La discussion qui s’ensuit fut très intéressante!

Il s’agissait d’une équipe d’archéologues québécois qui effectuait des recherches sur un ancien campement amérindien vieux de plus de 1000 ans! Ils nous expliquèrent que ce site renfermait des artefacts permettant de prouver que jadis les Amérindiens portageaient leurs canots pour contourner les mêmes rapides infranchissables que nous devions encore éviter.

De notre côté, on leur apprit qu’un sentier de portage existait toujours, situé un peu plus loin. On ajouta que celui-ci était entretenu par les groupes de Minogami. Les archéologues furent fascinés par cette information. Ils n’en revenaient pas que de jeunes aventuriers revivent les épreuves du passé, utilisant un sentier presque identique à celui qui devait exister des milliers d’années auparavant. Pour eux, c’était un indice supplémentaire que ces parages étaient autrefois été fréquentés par des Amérindiens voyageant sur la rivière.

Cette rencontre inusitée se poursuivit pendant de longues minutes, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de rentrer pour ne pas inquiéter le reste du groupe. À notre retour au campement, on raconta cette péripétie aux autres qui avaient du mal à nous croire.

Pourtant, deux jours plus tard, lorsque nous repassions, les archéologues étaient toujours là. Ils nous firent même un exposé sur leurs recherches. Ce fut un cours d’archéologie très excitant où ils nous montrèrent ce qu’ils avaient trouvé : des éclats de roche principalement…

Quand je repense à cet épisode, je me dis que les expéditions que nous avons la chance de vivre à Minogami nous amènent sur les traces des Amérindiens. Ça ajoute un petit « je-ne-sais-quoi » à la beauté de nos aventures.

Par Yanik Bisson-Lessard

Parmi les différentes choses auxquelles Minogami m’a ouvert les yeux, la conscience du territoire québécois prend une place importante. La conscience d’un territoire gigantesque en des termes différents de ceux que l’on connait quand on naît et grandit en milieu urbain et occidental. Concevoir le territoire selon ses cours d’eau, ses bassins versants, ses obstacles, sa végétation, ses possibilités et les gens qui y vivent. J’ai ouvert les yeux sur la vie en région, la «vrai» vie en région. Pas Rimouski, Bécancour ou Saint-Lambert (mouahaha) mais sur un Québec très différent de celui qu’on se représente à Montréal. Dans mon esprit c’est devenu le pays des chemins de quatre-roues, des camions forestiers, des routes en gravier, des shacks abandonnés , du lichen, des épinettes maigrichonnes, et celui des premières nations. Eh oui.

Avec Mino, qui depuis quelque temps a des chantiers intéressants en partenariat avec les Atikamekw, ainsi que certaines expériences en temps que campeur,  j’ai développé une fibre  pour les points de contact entre notre société bien américanisée de la vallée du St-Laurent et celles du Nord qui vivent l’Amérique autrement, dans d’autres conditions. Ces peuples pourtant voisins, qui ont des conceptions du monde différentes, un parcours différent et des défis différents.

Récemment, la lecture du livre Le Centre Du Monde, une virée en Eeyou Istchee Baie-James avec Romeo Saganash (2016), par Emmanuelle Walter, m’a donné envie de jaser à ceux qui ont déjà eu, qui ont ou qui auront Minogami dans leur vie. C’est un livre qui parle de la circonscription électorale fédérale d’Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou,  la plus grande au Canada. 844 000 km carrés allant de Val-d’Or, à la Baie d’Ungava jusqu’au Détroit d’Hudson, avec 80 000 habitants : abitibiens et Jamesiens «de souche», Algonquins, Cris et  Inuits. C’est pas compliqué ; c’est énorme. Ça ne se marche pas comme distances (mais ça se pagaye probablement). Le livre prend la forme d’un petit récit de voyage assez personnel avec ledit Roméo Saganash, un homme de la nation Crie né en nature selon des traditions millénaires, enfant des pensionnats, et aujourd’hui député à Ottawa. À travers sa circonscription et diverses rencontres, on découvre la réalité et le concret de la vie au Nord du Nord : l’état des relations blancs-autochtones, de la question environnementale, du développement (durable?) du Nord, des répercussions de notre fameuse hydro-électricité, de la condition autochtone et particulièrement du peuple cri (une communauté avec un dynamisme et un pouvoir d’action unique au Canada), d’un modèle politique régional inédit et propre au Québec, etc. Bref il se passe là-bas des choses particulières, qui vont prendre part à bâtir le Québec de demain, j’en ai la conviction. C’est quoi la convention de la Baie James? La Paix des Braves? airCreebec, c’est une compagnie d’aviation autochtone?  Ce livre est un petit aperçu bien accessible de tout cet horizon.

À plusieurs moments dans le récit, j’y ai vu Minogami en filigrane. Différentes mentions à la réserve cri de Waskaganish, où la fameuse expédition Broadback termine son périple de 32 jours, à la route du Nord et à la Rupert (autre grande rivière que le camp descendait avant qu’elle ne soit harnachée). On parle aussi du destin de la Broadback et de ses forêts vierges, et même du fameux feu de Forêt qui a sévi en 2013 (comparable en importance à celui de Fort McMurray en 2016). Ce même incendie qui avait fait neiger des cendres sur nos canots, mon groupe et moi, en 2013, nous empêchant d’atteindre la baie James. Ce livre offre l’envers du décor qu’un minogamien observe habituellement depuis son canot rouge braise. Ainsi, je me suis senti concerné par ce que je lisais sur ces pages, comme d’autres au camp pourront l’être. Ce récit sensible et descriptif raconté à la manière d’un souvenir ou d’une anecdote initie le lecteur à différentes facettes de la réalité nordique et fait prendre conscience de bien des implications que notre mode de vie a sur l’environnement et les peuples qui y sont reliés.

Voilà! Je recommande cette lecture bien comestible de 144 pages, dans un style pas compliqué. C’est une lecture de chevet parfaite si t’es gêné de lire devant les autres dans le bus en allant à l’école, ou si ça manque de saveur dans ta routine urbaine. Enfin, et surtout, cette lecture peut surement ajouter une dimension riche à une éventuelle expédition, en des territoires qui ont beaucoup à raconter.

 

Émile Moreault, Minogamien depuis 2006.

 

Code URL pour le livre et son résumé: https://www.luxediteur.com/catalogue/le-centre-du-monde/

As-tu hâte d’aller au camp ?

Nous sommes en juillet 2001, j’aurais probablement répondu « non » à cette question. Je suis dans la voiture avec ma mère, ma grand-mère et ma petite sœur. J’ai peur et j’ai seulement envie de pleurer en pensant au fait que j’allais quitter les bras de ma mère pendant une semaine. Ça a été la dernière fois où je ne me suis pas empli de bonheur en pensant que j’allais au camp.

Ma grand-mère, qui connaissait bien Raoul Cloutier, a travaillé au camp Minogami comme animatrice des étés durant pendant que ma mère, son frère jumeau et sa petite sœur étaient campeurs. Mon grand-père, lui, était chauffeur durant le séjour de ses enfants. Chaque fois que ma mère me reparle de ces moments qu’elle a passés au camp à se faire des amis, porter des canots, faire des feux, je peux voir une étincelle dans ses yeux, une flamme de joie. Cette flamme, j’ai eu l’immense honneur de me la voir transmettre.

Mon premier séjour au camp fut une expérience très difficile pour moi environ 30 minutes, les 8610 autres minutes, cela a été des moments de bonheur et d’authenticité. J’ai eu la chance, après ce fameux été 2001, d’avoir été campeur encore 8 autres étés, stagiaire et membre du personnel depuis bientôt 5 ans. En plus de tout cela, ma sœur était à mes côtés tout au long de ces étés, ce qui prouve que ma mère à bien réussit à nous transmettre cette envie du camp.

Le camp pour moi, c’est, comme je l’ai mentionné plus haut, des moments de bonheur bien sûr, mais aussi des moments authentiques. La majorité des campeurs que j’ai eus dans mes groupes avaient ce discours des camps : au camp, tu peux être toi-même ! Au camp, tu peux te déguiser, tu peux chanter à tue-tête durant toute la journée, tu peux aller danser sous la pluie, tu peux te couvrir de peinture et faire des sports farfelus, tu peux inventer des jeux, tu peux faire d’un bout de papier froissé la plus belle des œuvres d’art. Tu peux être magicien, cuisinier, athlète, comédien, chanteur, humoriste, bref, tu peux être la personne que tu es vraiment, sans toute la pression sociale.

Le camp, une tradition pour la vie!

Le camp, c’est maintenant une tradition dans ma vie. Il m’a permis d’assumer pleinement la personne que je suis, il m’a permis d’orienter mon choix de carrière vers l’enseignement, il m’a permis de pleurer, de rire, de me faire des amis. Ça va bientôt faire 14 ans que je vais au camp et le nouveau défi d’animateur s’offre à moi. Encore une fois, à l’âge de 20 ans, le camp me permet de me dépasser et en plus, j’ai hâte d’aller au camp ! Et toi, as-tu hâte d’aller au camp ?

Félix Boulanger, moniteur au camp Trois-Saumons

Les grands rêveurs

♫ On ne voit loin devant que de l’eau des arbres et des
bûches. On ne sent que le vent; on n’entend que le bruit des canots dans l’eau. ♫

La lune se lève sur la Broadback. On est loin de nos premières expéditions. Où on allait à peine de l’autre côté du lac. Aujourd’hui, vingt deux heures de voiture nous séparent de notre point de départ. Trente deux jours de canot
nous séparent de notre point d’arrivée.

Pour sortir de ce quotidien qui nous étouffe. Pour faire face à ces paradis qui nous font peur. Nous sommes 7 filles et 5 gars. Rapprochés par l’inconnu.

Continue…